Au Japon: l’art du chusen, une impression textile unique

A L’ÈRE MEIJI, LES DÉBUTS DE LA TEINTURE CHUSEN JAPONAISE

Les kimonos d’été yukata et les tenugui teints dans des motifs aux couleurs vives sont des textiles qui ont fait leur apparition dans la vie quotidienne japonaise pendant la période Meiji (1866-1912). Une grande variété de tissus a ainsi été proposée sur le marché grâce à la naissance d’une technique de teinture au pochoir propre au Japon : le chusen.

Cette technique permettait pour la première fois une production de plus grande ampleur, tout en magnifiant le travail artisanal, les pièces étant entièrement réalisées à la main, apportant une grande qualité aux produits textiles et surtout des caractéristiques qui ne peuvent venir que d’un travail manuel: les dégradés de couleur et les légères variations donnent ainsi une forte personnalité aux textiles.

© Marukyu Shoten

MARUKYU SHOTEN, LES ARTISANS DU CHUSEN JAPONAIS DEPUIS 1899

Fondé à Nihonbashi (Tokyo) en 1899, Marukyu Shoten (au travers de sa marque Shinedozome) et une des grandes maisons historiques liées au chusen, qui continue à produire une superbe gamme de produits textiles en chusen tout en conservant les traditions artisanales japonaises du 19ème siècle. Motifs saisonniers, traditionnels ou contemporains, variations de couleurs, revisites de motifs anciens, collaborations, la maison est l’une des plus dynamiques sur son segment et a parfaitement réussi à ancrer la marque dans le 21ème siècle.

© Atelier Ikiwa

LE CHUSEN JAPONAIS, UNE FABRICATION ARTISANALE ANCRÉE DANS LA MODERNITÉ

Le processus de teinture du chusen commence par un motif en papier qui est utilisé pour appliquer une pâte résistante à la teinture, appelée réserve, sur une pièce de tissu. Le pigment ne s’infiltre pas dans les zones couvertes par la réserve, ce qui implique qu’elles ne sont pas colorées.

© Marukyu Shoten

 

Une fois cette étape terminée, le motif est retiré et le tissu est plié pour laisser apparaître une nouvelle section sur le dessus. Le motif est positionné sur cette nouvelle section du tissu, et la résine est appliquée une fois de plus. Ce processus est répété jusqu’à ce que 20 à 40 couches de tissu soient créées. La résine est ensuite appliquée pour créer des barrages qui séparent les zones où une couleur différente est souhaitée.

Ensuite, à l’aide d’un yakan, qui ressemble à un arrosoir, le pigment est versé dans les zones délimitées par les barrages en fonction du motif. Une pompe à vide qui fonctionne par le dessous du tissu est utilisée pour aspirer le colorant à travers toutes les couches en même temps. Le tissu est retourné et le même processus est répété de l’autre côté. C’est ce qui donne aux textiles chusen l’aspect distinctement teint qui les caractérise, sans envers ni endroit.

© Marukyu Shoten

 

Le tissu est ensuite lavé à l’eau pour éliminer les résidus de pâte et de pigments, puis mis à sécher en extérieur sur des structures de plus de 10m de haut, superbe spectacle visuel que de voir ses longues bandes de textile flotter au vent ! Les bandes textiles seront ensuite coupées à la mesure, soit pour en faire des tenugui (textiles de 40cmx110cm d’usage très versatile) soit des yukata (kimono légers).

Tenugui japonais en édition limitée: la superbe collaboration Marukyu Shoten x Pauline Androlus

La série de tenugui japonais “Échappées Belles”, qui comprend 4 motifs différents, a été imaginée par Pauline Androlus (Paris) et réalisée par Marukyu Shoten (Tokyo) dans le cadre du projet Edo Tokyo Kirari.

© Marukyu Shoten

 

Les tenugui japonais sont des pièces textiles en coton léger d’un usage très versatile. Cette série est exceptionnelle, son motif a été pensé par Pauline Androlus, talentueuse designer d’objets et d’intérieurs française , et elle a été réalisée par les artisans de Marukyu Shoten avec la technique artisanale complexe du chusen, réalisée à la main et avec une impression sur les 2 faces du tissu.

© Atelier Ikiwa

 

Ces tenugui sont en coton très léger, sèchent extrêmement vite, et le temps leur donne encore plus de douceur et de profondeur. Leur taille est typique des tenugui japonais: un rectangle de 40cm sur 110cm, permettant une multitude d’usages.

Le motif est inspiré des fenêtres et des shoji qui s’ouvrent et qui invitent à la rêverie, un tableau abstrait sublimé par les dégradés de bleus et la trame blanche du tissu. Chaque pièce est unique et forme une oeuvre contemplative d’un fort impact visuel, soit seule soit regroupée avec les autres motifs. Notamment encadrés ou tenus par des baguettes, mis cote-à-cote, ces tenugui japonais ainsi exposés sur un mur offrent une décoration d’une originalité et beauté exceptionnelles. Mais ils ont bien d’autres usages: chemin de table face-à-face pour un esprit contemporain contrasté saisissant; élégant furoshiki pour emballer des cadeaux ou des objets; foulard léger ou bandeau noué dans les cheveux ou bien sûr, très belles serviettes. Voir les textiles de la collaboration Marukyu Shoten x Pauline Androlus

© Atelier Ikiwa
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