Passer au contenu

Panier

Votre panier est vide

INSPIRATIONS

Le Japon et la Corée des savoir-faire, du voyage et de l'art-de-vivre dans votre boîte mail.

Article: YANGDONG, UNE AUTRE CORÉE

YANGDONG, UNE AUTRE CORÉE

YANGDONG, UNE AUTRE CORÉE

On trouve en Corée quelques lieux labellisés « folk villages ». Sous cette appellation qui sonne un peu « Disneyland » se cachent des villages traditionnels très bien préservés, qui, comme ils sont peu nombreux, sont devenus de hauts lieux touristiques. Yangdong fait partie de ceux-là. Situé à une trentaine de kilomètres au nord de Gyeongju, il appartient à cette Corée plus discrète, moins immédiatement spectaculaire, mais profondément marquante lorsqu’on prend le temps de s’y attarder.

En journée, le village est très fréquenté, et la perception de son charme peut être altérée. Les groupes passent, les appareils photo crépitent. Il faut accepter de décaler son rythme pour que le lieu se révèle vraiment.

UN VILLAGE PENSÉ COMME UN ORDRE DU MONDE

Yangdong a été fondé au XVe siècle, à l’époque de la dynastie Joseon, par de grandes familles de lettrés confucéens. Ce n’est pas un détail historique anecdotique, mais une clé de lecture essentielle car le village n’a pas grandi au hasard, il a été conçu selon une vision très précise de la société, où l’organisation de l’espace reflète l’ordre moral et social.

Les maisons aux toits de chaume s’étendent en contrebas, proches des terres cultivées, tandis que les demeures nobles aux toits de tuiles occupent les hauteurs, ouvertes sur le paysage. Cette hiérarchie n’a rien de brutal, elle est lisible, presque douce, inscrite dans la pente du terrain et dans la circulation naturelle du regard. Cette organisation permet également de vivre plusieurs expériences en une, d’observer la vie du village sous un prisme intéressant.

ARCHITECTURE DU QUOTIDIEN

Les maisons de Yangdong sont belles sans chercher forcément à l’être, et rien n’est lisse dans ce village, c’est même très vivant (voire carrément la pagaille dans certaines cours de maison !). Bois patiné, murs de terre, toits aux lignes souples, cours intérieures protégées du vent. Tout semble à l’échelle de la vie quotidienne, on sent que ces habitations ont été pensées pour vivre, pour durer, pour vieillir avec leurs habitants.

La nature est très présente, tout est harmonieux. Les jardins potagers jouxtent les maisons, les arbres ploient sous leurs fruits, les collines douces enveloppent le village. Que ce soit les maisons aux toits de chaume en contrebas ou celles, plus nobles, installées en hauteur, l’ensemble compose un paysage d’une grande cohérence, où rien ne paraît déplacé.

LE TEMPS COMME ALLIÉ

L’expérience la plus exceptionnelle pour en profiter vraiment est d’arriver en fin d’après-midi, lorsque tous les cars sont repartis, d’y passer la nuit, et d’en repartir avant la fin de matinée. Le village retourne alors à ses résidents. Yangdong n’est pas un village-musée. Il est petit, mais vivant et habité, principalement par des personnes âgées, qui s’affairent dans leurs jardins cultivés. Et il n’y a guère que la cabine téléphonique mangée par les hautes herbes pour laisser croire que le village n’est pas encore entré dans la modernité, pour le reste les téléphones portables sont bien là.

Il y a une douceur dans ce village qui émeut terriblement. Une douceur sans mièvrerie, faite de rythmes lents, de présences, de salutations qui se passent de la barrière de la langue. On ne visite plus vraiment, on observe, on marche, on s’arrête sans raison précise.

Avec de la chance on visite un village qui change au rythme des heures et de la lumière, qui déploie d’infinies variations donnant des atmosphères très différentes selon les moments de promenade. Dans la lumière rasante et dorée du soir, brumeuse et mystérieuse du matin, Yangdong n’est jamais tout à fait le même.

UNE CORÉE INTÉRIEURE

Yangdong ne cherche pas à séduire, ne raconte rien de spectaculaire, montre autre chose. Une Corée intérieure et calme, structurée, façonnée par des siècles de vie ordinaire et de pensée confucéenne. Un lieu où l’histoire n’est pas racontée sur des panneaux, mais inscrite dans les volumes, les distances, les usages, les rencontres et les étonnements.

On en repart avec une impression durable, celle d’avoir approché une autre temporalité, plus lente, plus silencieuse, et pourtant profondément vivante. Un coup de cœur, assurément !

INFORMATIONS PRATIQUES

Yangdong est situé à une trentaine de kilomètres au nord de la ville de Gyeongju (qui se rejoint en environ 2h de train KTX depuis Séoul, plusieurs liaisons journalières). Pour se rendre à Yangdong depuis Gyeongju on peut prendre un bus (horaires irréguliers) ou, c’est le plus simple, un taxi, pour environ 20€.

Attention, je n’ai vu aucun lieu où déjeuner ou dîner à Yangdong, il faut donc amener quelques provisions pour faire un petit pique-nique le soir dans sa chambre. La seule nuance à cette remarque est l’accueil dans certaines maisons d’hôtes qui peut inclure une collation en arrivant. Dans la mienne, où j’étais à 15h30, l’hôtesse avait préparé pour moi un “afternoon tea” merveilleux qui tenait plus du déjeuner tardif ou du diner précoce, et qui m’a largement suffi jusqu’au lendemain matin où un PDJ était prévu. Mais dans le doute il vaut mieux apporter ce dont vous aurez besoin.

Ma maison d’hôtes, la Hyangdan House, était spectaculaire, dans une maison “noble” en haut d’une petite colline, dominant le village. Vieille de 500 ans, elle a une très riche histoire que la propriétaire des lieux, Nan-hee, prend plaisir à raconter (app de traduction indispensable ici pour communiquer !). Cette maison est la plus grande du village, elle a eu jusqu’à 99 pièces (mais une partie a malheureusement été détruite pendant la guerre de Corée), tout en bois sombre, cloisons de papier hanji, petits recoins. Un charme fou ! Ici on dort à la coréenne, sans amélioration du confort, directement sur le sol en dur (pas de tatamis en Corée !), sur un simple matelas hyper fin. La salle de bain est à l’extérieur de la maison, et d’un confort très spartiate. Tout ceci fait bien sûr partie de l’expérience mais ne sera pas pour tous les goûts, prenez-le en considération pour ne pas être déçu.e.

Cette maison est sur airbnb, mais la traduction aléatoire du coréen rend la sélection de la chambre et la réservation un peu compliquée. Armez-vous de patience, cela en vaut vraiment la peine !

Photos © Atelier Ikiwa

DÉCOUVRIR

Le Japon, pays de bois: forêts, spiritualité et architecture
Culture

Le Japon, pays de bois: forêts, spiritualité et architecture

Avec près de soixante-dix pour cent de son territoire recouvert de forêts, le Japon est d’abord un pays d’arbres. Cette abondance a profondément modelé la civilisation japonaise: sa spiritualité, s...

En savoir plus