Vase en céramique émail namako-yū de Junkichi Kumakura

Ce vase sculptural, réalisé par le céramiste japonais Junkichi Kumakura se distingue par sa silhouette élancée évoquant une tige de bambou stylisée. Sa présence résolument contemporaine, à la fois épurée et abstraite, témoigne de l’influence des recherches sculpturales menées par les céramistes du mouvement Sōdeisha. La glaçure bleue profonde, typique du namako-yū, s’étend sur toute la surface en créant des variations d’intensité et des reflets changeants, oscillant entre bleu nuit et indigo saturé. Les arêtes marquées et la lèvre irrégulière confèrent à l’ensemble une présence singulière.

La glaçure namako-yū, littéralement « émail concombre de mer », doit son nom à l’aspect lisse, brillant et légèrement moucheté de sa surface, évoquant la peau de cet animal marin. Cette glaçure, issue d’une tradition ancienne, a été revisitée par les céramistes contemporains pour ses effets visuels mouvants et sa capacité à révéler les volumes avec intensité. Dans ce vase, elle accentue les tensions formelles du bambou stylisé, tout en rehaussant la profondeur des lignes incisées.

Junkichi Kumakura (1920–1985), figure emblématique du mouvement Sōdeisha, a profondément marqué la céramique japonaise contemporaine par son engagement en faveur d’une expression affranchie de la fonction. Cofondateur du collectif en 1948 aux côtés de Yagi Kazuo et Yamada Hikaru, il milite dès ses débuts pour une céramique sculpturale qui ne se réduise ni à l’usage ni à la tradition formelle. À partir des années 1950, son travail se concentre sur des formes architecturées, souvent inspirées du végétal ou du minéral, qu’il interprète à travers des émaux aux tonalités puissantes. Reconnu au Japon comme à l’international, il a exposé dans les plus grandes institutions, dont le Musée national d’art moderne de Kyōto et la Japan Society de New York. La démarche du mouvement Sōdeisha, encore radicale aujourd’hui, continue d’influencer les céramistes contemporains et a contribué à redéfinir les frontières entre art et artisanat dans le Japon d’après-guerre. Un article détaillé sur notre site explore l’histoire et l’esthétique de ce courant fondamental, à retrouver via ce lien. 

Le vase est signé (en creux) sous sa base. Il est présenté dans sa boîte en bois signée (tomobako), calligraphiée du titre de l’œuvre et du nom de l’artiste, accompagnée de son sceau rouge. Un document d’information (shiori) détaillant le profil du céramiste complète l’ensemble, garantissant ainsi son authenticité.