Comment entretenir un objet en laque japonaise urushi : le guide expert
La laque japonaise, ou urushi, est une matière précieuse aux qualités exceptionnelles. Issue de la sève de l’arbre à laque (Rhus vernicifera), elle est appliquée en multiples couches fines, parfois plus de cinquante, sur un support, souvent en bois, sur lequel un décor précieux (poudres d'or, nacre etc) sera éventuellement également appliqué. Chaque couche de laque urushi est soigneusement polie, puis séchée dans un environnement humide contrôlé (muro) à environ 25 / 30 °C et 70 / 80 % d’humidité. Ce processus long et exigeant donne naissance à un film dur, imperméable, d’une étonnante solidité, à la fois souple et résistant.
Utilisée depuis des siècles, la laque urushi est naturellement antibactérienne, hydrofuge, résistante à l’alcool, à l’huile, à l’usure et aux températures extrêmes. Bien entretenue, elle ne perd pas son éclat avec le temps : la laque urushi de qualité conserve sa brillance, sa profondeur et sa vitalité pendant plusieurs générations. Contrairement à certains matériaux qui se patinent ou se ternissent, la laque ne se dégrade pas mais évolue très légèrement, révélant d’infimes nuances sans jamais s’affadir. Des pièces anciennes de plusieurs siècles restent d’une beauté intacte.
Pourtant, cette robustesse n’exclut pas une certaine sensibilité : un choc thermique, une exposition directe au soleil, une humidité stagnante ou un lavage agressif peuvent provoquer des altérations irréversibles. Son entretien requiert donc attention, méthode et connaissance.
Principes fondamentaux à respecter
Ne jamais utiliser de lave-vaisselle, de micro-ondes, de four ou de sèche-vaisselle : les températures extrêmes et les variations brusques fissurent ou blanchissent la laque.
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Ne jamais laisser un objet laqué tremper dans l’eau : l’humidité finira par atteindre le bois support et le déformer.
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Éviter absolument toute exposition prolongée directe au soleil : les UV dessèchent et ternissent la surface.
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Manipuler avec délicatesse, décor ou non : une éponge dure, un frottement métallique ou un empilement brutal rayent aisément le film de laque.
Les étapes d’un entretien rigoureux
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Nettoyer immédiatement après usage
Rincer à l’eau tiède (jamais chaude). Si nécessaire, ajouter une seule goutte de savon neutre très dilué pour dissoudre les graisses. Employer une éponge douce ou un chiffon lisse, sans aspérités ; bannir grattoirs, microfibres rugueuses et brosses. -
Éviter les chocs thermiques
Avant de verser un liquide brûlant (dans un bol par exemple), réchauffer l’objet sous un filet d’eau tiède afin de prévenir microfissures et nuages blanchâtres irréversibles. -
Sécher soigneusement
Essuyer aussitôt avec un linge non pelucheux (gaze, coton fin). Un second chiffon sec peut ensuite lustrer la surface et raviver l’éclat. -
Nourrir la surface avec précaution
Dans un environnement très sec ou après une longue inactivité, certaines sources japonaises autorisent à lustrer la surface avec un chiffon à peine imprégné d’une huile alimentaire légère (colza, camélia, périlla). La quantité doit être infime, l’excédent immédiatement retiré. Cette pratique ancestrale demeure facultative et doit être évitée si l’on manque d’expérience. -
Stocker dans des conditions adaptées
Conserver les objets en laque à température stable, ni trop humide ni trop sèche, loin d’un radiateur, climatiseur ou rayons solaires. Lorsqu’un objet reste longtemps inutilisé, placer à proximité (sans contact) une petite coupelle d’eau pour maintenir l’humidité. -
Faire éventuellement réparer
Fissure, éclat, blanchiment ou perte d’adhérence peuvent nécessiter l’intervention d’un spécialiste. Une retouche par fuki-urushi ou, en cas de cassure, un kintsugi (laque et poudre d’or) peut redonner intégrité et éclat à l’objet sans trahir son esthétique. Chez Atelier Ikiwa nous aimons l'idée d'un objet en laque urushi qui demeurera toujours sublime malgré les éventuels petits accidents, et qui n'a donc pas forcément besoin d'être réparé, afin de ne pas dénaturer l'intention du maître d'art. Mais si ces accidents altèrent la beauté de l'objet alors une réparation peut être la solution, à condition de passer par un expert réputé et formé au Japon. En France nous pouvons vous conseiller le travail de Blandine Hamon, formée à Kyōto auprès de maîtres laqueurs réputés. Elle est basée à Paris, vous pouvez la contacter via son site.
Une matière noble qui traverse le temps
La laque urushi japonaise n’est pas fragile : c’est une matière résistante, souple et durable. Son entretien ne relève pas d’un rituel pesant, mais d’un geste de continuité qui prolonge l’intention de l’artisan. Avec ces soins simples, une pièce laquée précieuse demeure lumineuse et profonde, capable de traverser des générations sans perdre la moindre parcelle de sa beauté.
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